GAZA (AFP) - 13/06/2006 18h42 - Onze Palestiniens, dont neufs civils, ont été tués mardi à Gaza dans un raid aérien israélien, dénoncé par le président palestinien Mahmoud Abbas comme un acte de "terrorisme d'Etat".
Deux activistes de l'aile militaire du Jihad islamique et neuf civils, dont deux enfants âgés de quatre et huit ans et leur père ainsi qu'un ambulancier, ont été tués dans le raid, selon des sources médicales. Quarante-deux autres Palestiniens, dont cinq enfants, ont été blessés, selon la même source.
Le raid a visé une voiture rue Salaheddine, principal axe routier reliant le nord au sud de la bande de Gaza.
Selon un chef du Jihad islamique, Khaled Al-Batch, trois activistes du groupe se trouvaient à bord du véhicule qui a été visé par deux roquettes alors qu'il circulait près de Jabaliya. Deux activistes ont été tués et le troisième blessé, a-t-il ajouté.
Il a affirmé qu'une "troisième roquette" avait été tirée en direction de la voiture quelques instants plus tard alors que des curieux s'étaient rassemblés autour de la carcasse, "d'où le grand nombre de morts et de blessés".
Une porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'un appareil israélien avait mené un raid contre des activistes "qui s'apprêtaient à tirer des roquettes" sur Israël. Selon l'armée, cinq activistes du Jihad ont été tués.
"Ce que fait Israël s'appelle du terrorisme d'Etat. Ce terrorisme d'Etat ne nous ébranlera pas", a dénoncé le président palestinien, Mahmoud Abbas.
"Israël poursuit son escalade chaque jour. Chaque jour nous déplorons des martyrs et des blessés et ce sont tous des gens innocents. Cette escalade montre que les Israéliens persistent dans leur égarement et veulent se débarrasser de notre peuple", a-t-il ajouté.
La branche militaire du Hamas a menacé de venger les morts par des attaques à la roquette contre Israël.
La Jordanie voisine a condamné une "tuerie". "Le gouvernement jordanien condamne avec force la poursuite des opérations militaires israéliennes contre des civils sans défense dans la bande de Gaza, ainsi que la politique de tueries aveugles", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Nasser Jawdeh.
Le ministre israélien de la Défense et chef du parti Travailliste Amir Peretz a "exprimé ses regrets à la suite de l'opération dans la bande de Gaza qui a fait des victimes parmi les civils" mais a nié toute implication de l'Etat hébreu dans l'explosion de vendredi sur une plage de Gaza, dans laquelle huit Palestiniens avaient été tués.
"Nous avons assez de preuves venant appuyer nos gros soupçons que la tentative de présenter cela comme un incident israélien est simplement fausse", a dit M. Peretz lors d'une conférence de presse.
Un député arabe israélien s'en est violemment pris à M. Peretz. "Il s'est avéré que tous les espoirs placés en Peretz étaient des illusions fatales car cet homme veut réaliser ses ambitions politiques sur les cadavres des Palestiniens", a déclaré le député Jamal Zahalqa.
L'armée israélienne a mené un deuxième raid aérien contre une voiture dans le nord de la bande de Gaza, faisant quatre blessés légers, selon des témoins. Ce raid n'a pas été confirmé par l'armée israélienne.
Dans le sud de la bande de Gaza, en revanche, la situation était calme ainsi qu'à Ramallah, en Cisjordanie.
La veille, des accrochages entre activistes du Hamas et forces de sécurité fidèles au Fatah de M. Abbas ont fait deux tués à Rafah (bande de Gaza), alors que des activistes d'un groupe armé indiscipliné issu du Fatah ont mis le feu aux bureaux du gouvernement et du Parlement à Ramallah.
M. Abbas a placé les forces de sécurité en "état d'alerte maximale" et donné l'ordre d'empêcher les membres des groupes armés, dont ceux d'une force paramilitaire du Hamas, de patrouiller dans les rues.
La force du Hamas s'est en effet retirée mardi des principaux carrefours et rues à Rafah et à Khan Younès, selon une source au ministère de l'Intérieur.
M. Abbas devait rencontrer en soirée des responsables de groupes palestiniens ainsi que le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas. |